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CAYENNE PALACE
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29 décembre 2010

Le Papé

Ce texte mis en lumière à cause d'un plagiat sans importance par son auteur suite à une interprétation  par une autre personne sous le nom de la Mamé ne doit pas faire oublier la dure réalité que les "jeunes" peuvent réserver à nos anciens.

C'est un texte plein d'amour et une bonne leçon de vie

Ne le perdons pas de vue   

Le Papé

Il se tenait assis tout au bout de la table
Et nous impatientait souvent par sa lenteur.
On le voyait si vieux, si courbé, pitoyable,
Que l’amour peu à peu cédait à la rancœur.
Je le suivais partout ! c’était là, dans ma tête !
Il me suivait des yeux lorsque je travaillais,
Proposait de m’aider, maladroit, l’air tout bête !
Il gênait nos projets, notre vie, le papé !

Au bout de quelques temps, prétextant les vacances,
Je le menais plus haut, au flanc du Luberon
« Tu seras bien là-bas. Tu verras la Durance
Du haut de la terrasse de la grande maison.
Ces maisons-là, papé, sont faites pour les vieux.
Regarde comme ils semblent bien, ils ont l’air très heureux ! »
« Comme tu veux, petite, si c’est pour ton bien-être.
Monte de temps en temps, le dimanche peut être ? »
Je l’ai laissé tout seul, vivement, pas très fière.
L’air était encore chaud, pourtant je frissonnais,
Et le chant des oiseaux voletant sur le lierre
Me disait doucement : « Qu’as-tu fait du papé ? »

Les jours se succédaient, je cherchais la quiétude
Le travail me prenait, j’essayais d’oublier,
De noyer mes regrets au fil des habitudes,
Les souvenirs d’antan rappelaient le papé.
Même dans le mistral qui rasait la garrigue
Pour venir s’écraser au butoir de la digue
J’entendais cette voix qui ne cessait jamais
De dire à mon oreille : « qu’as-tu fait du papé ? »

Chaque brin de lavande, de thym, de romarin,
Me reprochait sans fin l’absence de l’aïeul.
Le murmure des sources dans le petit matin
Chantait sur mon cœur lourd des cantiques de deuil.
Le remord lentement s’installait dans ma vie.
Je revenais m’asseoir ou il s’était assis,
Sur le banc de vieux bois, près du puits, sous le chêne,

Et je laissais errer mes pensées sur la plaine.
Alors, je l’ai revu, avant, lorsqu’il marchait
Jusqu ‘au seuil de l’école, pour venir me chercher.
Je sautais dans ses bras, je l’embrassais, tout doux,
Et nichais tendrement ma tête sur son cou.
Il me portait un peu, puis, ma main dans sa main,
Il ajustait son pas pour bien suivre le mien.
Il m’expliquait les bois, les cabris, les moutons,
Les abeilles dorées et les beaux papillons.
Il cueillait aux buissons des réserves de mûres
Et m’offrait les plus grosses comme un présent de choix.
Il riait bruyamment en voyant ma figure
Barbouillée des reliefs de ce festin de roi.
Le soir près de mon lit, il venait me bercer
De chansons provençales, d’histoires de bergers.
Je m’endormais heureuse de sa chaude présence,
Pleine de rêverie, d’amour, de confiance.
Au long des souvenirs, mon cœur plein de pitié
A trouvé le repos.

J’ai repris le sentier
Pour revenir tout droit à la grande maison.
Retrouver le papé, lui demander pardon.
J’ai pris tout simplement sa main, sans rien lui dire.
Une larme brillait au milieu du sourire.
Et c’est moi, cette fois, tout au long du chemin
Qui ajustais mon pas, pour bien suivre le sien.
Un papé c’est précieux, c’est tant de souvenirs !
Si vous en avez un, jusqu’au bout de vos jours,
Gardez-le près de vous. Quand il devra mourir,
Vous fermerez ses yeux dans un geste d’amour.

Aujourd’hui, par hasard, si le chant des cigales
Me pose la question tant de fois redoutée,
Je peux, le cœur tranquille, en digne Provençale
Répondre fièrement :

« il est là, le papé »


Yolande VERCASSON

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Commentaires
G
Non Mireille, l'auteure n'est pas susceptible. Elle est tous simplement malade que son poème ait été transformé, coupé, malmené dans un but lucratif, elle qui écrit depuis des années pour le plaisir de partager.Demandez-vous donc pourquoi le texte original n'a pas été proposé au public... Demandez-vous aussi pourquoi et de quel droit un plagiat circule sur you tube depuis plus d'un an sans qu'à aucun moment l'auteure du texte original n'ait été citée. Enfin, demandez-vous comment vous réagiriez, vous-même, si on se permettait de vous voler une chose à laquelle vous tenez, de l'étaler sur la place publique après l'avoir transformée sans que vous ayez la possibilité de récupérer cette chose. Quelle serait votre réaction?<br /> Rassurez-vous, vous pouvez profiter pleinement de ce texte magnifique, sans crainte d'aucune sorte, il n'est pas transformé sur ce site et l'auteure est citée. Merci pour elle d'aimer son oeuvre. <br /> sa fille Gisèle
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D
tu as réussi à faire couler mes larmes avec ce texte... j'ai bien fait de dérouler les billets que je n'avais pas vus, ce texte je ne le connaissais pas, c'est une petite merveille de justesse... j'ai eu de la chance, mes chères mémés ont vieilli dans la famille et je n'imagine pas un instant pouvoir confier mes parents à une institution. Je sais que la cohabitation n'est pas toujours facile ou possible mais j'espère que je pourrai, à mon tour, avec amour, faire autant qu'ils ont fait pour mes grands mères.<br /> Je te fais un "gros poutou" J.P... c'est fini l'aspirine dans la flute à champagne ?
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A
Emotion...., Bonne réflexion....,mais....<br /> Bonne année 2011.<br /> A bientôt
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S
Trés beau texte!!!<br /> Quelle chance de pouvoir profitez de son grand père je n'ais pas eu cette chance!La même maladie les a emportés bien trop jeunes...<br /> bises Sylvie
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M
Magnifique ...cela ravive tellement de souvenirs et de regrets... Que la soirée du 31 decembre te comble de joie ,d'espoir pour cette nouvelle année Chantal
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